A Lesser Privacy



La Bâtie - Festival de Genève
Les 6 toits - Laboratoire
des arts vivants

Av. de Châtelaine 43,
1203 Genève

Concert d'abonnement
Performance

La Bâtie–
Festival
de Genève
Marina
Rosenfeld

Avant-concert

Je 14.09.2023
18h15
conférence - présentation
avec les artistes

Programme

Marina Rosenfeld
My Body (2019)
pour deux percussions,
deux pianistes et
platines vinyles

Marina Rosenfeld
A Lesser Privacy (2022)
pour cinq instruments et haut-parleurs
(commande Contrechamps)

Durée : 60 min

Distribution

Marina Rosenfeld
Composition et
performance platines

Maruta Staravoitava
Flûte

Pierre-Stéphane Meugé
Saxophone

Sébastien Cordier
Percussion

Thierry Debons
Percussion

Tamriko Kordzaia
Piano

Maximilian Haft
Violon

Noëlle Reymond
Contrebasse

Maxime Le Saux
Ingénieur du son

Matthieu Baumann
Création lumière

Partenaires

La Bâtie - Festival de Genève
Les 6 toits
Loterie Romande
Fondation Ernst Göhner Stiftung
Fondation Sandoz
Pro Helvetia
Music Pass
Ville de Genève

Pour Marina Rosenfeld, la musique n’est jamais indemne de la situation dans laquelle elle est saisie. Ses œuvres jouent sur les conditions sociales, architecturales ou acoustiques et peuvent être considérées comme des matrices pour une interprétation qui varie en fonction du lieu. Elles sollicitent une attention active de l’auditeur·rice qui parcourt l’espace sonore comme on tourne autour d’une sculpture. La compositrice et l’Ensemble Contrechamps nous invitent ainsi à dépasser le rituel du concert pour créer et observer par l’écoute, à partir de deux pièces dont les titres — My Body (mon corps) et A Lesser Privacy (une moindre intimité) — peuvent être compris comme des bouées sensibles pour s’immerger et se livrer totalement au son.

My Body (2019) oriente les actions d’un ensemble autour d’une série personnalisée de dubplates, les microsillons recouverts d’acétate faisant depuis longtemps partie de ma pratique sur le plan du matériau et de la forme. Les dubplates abritent sept bandes de matériaux sonores pré-composés – pour la plupart de courtes « énonciations » réalisées au moyen d’un synthétiseur – qui constituent la base d’un ensemble de huit variations. Chaque variation se veut le lieu d’une occurrence sociale et musicale, nécessitant de la part de l’ensemble un mode d’écoute et de collaboration particulier et intensif, fondé notamment sur les caractéristiques matérielles et tactiles spécifiques aux dubplates que je fabrique depuis environ vingt-cinq ans. En tant qu’objets, les dubplates appartiennent au champ quasi-improvisé et quasi-compositionnel de la création musicale, déterminés par leur singularité et leur fragilité. La troisième et la cinquième variations requièrent des instrumentistes d’élaborer une chorégraphie physique intime instaurant un rapport entre les corps. Dans la huitième variation, l’ensemble recrée la signature acoustique de la plaque elle-même en frottant de petits cailloux l’un contre l’autre pour imiter le bruit de la surface du disque.

Dans l’œuvre plus récente A lesser privacy, commande de Contrechamps et créée en 2022, j’ai voulu revisiter certaines idées de My body pour en faire une œuvre complémentaire, mais avec des contraintes renouvelées. J’ai écrit cette pièce au moment où la Cour suprême des États-Unis a invalidé le droit à l’avortement dans ce pays, ôtant à des millions de femmes une protection et une autonomie corporelle qu’elles pensaient ou espéraient préservées. L’expression « Une moindre intimité » (A lesser privacy) provient d’un texte plus ancien d’Andrea Dworkin. Ainsi, dans A lesser privacy, la matrice de retards et de distorsions, de retours et de dédoublements produite par le réseau de microphones et de haut-parleurs entourant les instrumentistes, rend leur travail plus difficile, plus instable, plus dépendant des actions des un·es et des autres. Le corps reste un modèle formel pour la musique, mais les deux œuvres sont maintenant prises dans un complexe de signaux récursifs et déroutants qui échappent à leur contrôle.

Marina Rosenfeld

Marina Rosenfeld © Stefano GiovanniniMarina Rosenfeld © Stefano Giovannini